La nouvelle vie de la « Maison Perronne » 50 ans après les chantiers de « Maisons paysannes d’Alsace » à Montreux-Jeune
Dans mon article « Montreux-Jeune(s) ou la fidélité aux origines (rédigé en 2007) je relatais l’histoire du sauvetage puis de la réhabilitation de la maison Perronne à Montreux-Jeune au début de la décennie 1970. Le village comptait alors un peu plus de 200 habitants. Ce fut un des premiers chantiers de la toute jeune association « Maisons paysannes d'Alsace », né de l’émotion d’habitants du village devant le projet de démolir ce bâtiment communal, de l’intelligence du maire de ce temps qui sut faire marche arrière et renoncer à cette destruction. Progressivement le village, à travers la création d’une association « les amis de la maison Perronne », puis par la commune qui y installa la mairie, fit de cette maison son emblème, sa figure de proue.
En 2015, 40 ans après les chantiers internationaux de volontaires, la municipalité décida de reprendre les travaux. Le maire Michel Herrgott entouré des élus et des forces vives de ce petit village (aujourd’hui 400 habitants) se consacra corps et âmes à la conduite de ce projet, jusqu’à réunir un financement total de 1 400 000 euros. Le montant n’est pas banal, et le projet non plus , ceux qui connaissent les difficultés réglementaires qui entravent la réhabilitation de bâtiments anciens accueillant du public apprécieront la performance. Michel Herrgott sut s’entourer des meilleurs artisans, notamment le charpentier et ébéniste Bernard Pracht (Levoncourt), le maçon Kemal Sen (Waldighoffen).
L’inauguration qui eut lieu le 7 juin 2025 permit d’apprécier le résultat hors normes obtenu par cette association d’élus volontaires et d’artisans de haut niveau. A l’évidence ce ne fut pas un chantier comme un autre et l’amour ici investi se mesure à la haute qualité des finitions, avec un sens très juste du détail. Tout est beau, embelli et chargé de sens par des œuvres artistiques talentueuses.
Bien sûr ce n’est plus la maison branlante des années 1970, mais une mairie moderne, belle et fonctionnelle à laquelle on a épargné des gestes architecturaux prétendument modernes et arrogants. On a aussi fait ci et là des choix de garder ou non tel élément ou tel autre, nous respectons ces décisions. Les souvenirs restent et la vie continue.
Souvenirs ? Ailleurs qu'à Montreux-Jeune, des bâtiments auxquels nous avons redonné vie voici un demi-siècle subsistent. Le rôle que nous avons joué est oublié, ou paraît oublié. Parfois, l'oubli est volontaire.
A Montreux-Jeune, le temps n’a rien effacé. Nous nous sommes rendus à l’inauguration à laquelle nous avons été conviés, ce qui est déjà un geste délicat. Tout le monde n'y pense pas. Véronique Wurth qui participa au chantier en 1979 était du voyage, comme Christian Fuchs qui fut un cadre éminent des « Maisons paysannes d’Alsace/Ecomusée » durant la décennie 1980. La municipalité me demanda de dévoiler, aux côtés de Béatrice (qui fut du chantier de Pâques 1974) la plaque inaugurale. La sincérité de ce témoignage de reconnaissance du rôle que nous avions joué n’était pas feinte. 50 ans après sa première « renaissance » la maison confirmait, et pour longtemps pensons-nous, sa vocation de maison commune. Transmission accomplie, aux couleurs de la République, que pouvions-nous rêver de plus ou de mieux ?
images de l'inauguration le 7 juin 2025
Michel Herrgott, maire de Montreux-Jeune, pendant son allocution inaugurale
Détail d'un des panneaux relatant l'histoire de la maison